Priméal, Lazzaretti, Bonneterre… Face au coronavirus, comment les marques et les fabricants de pâtes biologiques s'organisent [Témoignages]

Article extrait de la Newsletter du 26 mars 2020
Cédant à l’inquiétude de connaitre des pénuries alimentaires, les Français se sont rués sur les denrées en magasins. Entre le 09 et le 15 mars, les ventes de pâtes ont explosé de +196% selon les chiffres de l’Institut Nielsen. Si les magasins bio spécialisés ne font pas partie du spectre d’analyse de l’Institut, tout porte à croire que ces derniers n’ont pas échappé à cette même tendance. Confrontés à des perturbations de leur chaine d’approvisionnement, certains distributeurs bio évoquent des ruptures en rayons. Nous avons voulu savoir si les marques et fabricants de pâtes biologiques connaissent eux aussi une hausse des ventes, dans quelle mesure, et comment elles s’organisent pour maintenir le rythme de production, des livraisons, et enfin, avec quel état d‘esprit elles abordent les semaines à venir.
Face à une situation sans précédent, comme de nombreuses autres entreprises, le groupe Léa Nature, a dû faire preuve de réactivité. Ce changement brusque fait appel à des capacités d’adaptation et au principe de solidarité. Filiale du groupe Léa Nature, Ekibio met tout en œuvre pour faire face à la crise sanitaire ainsi qu’à la forte demande des consommateurs. La société, qui a dans son portefeuille plusieurs marques dont Priméal, marque majeur du rayon pâtes en magasins biologiques, a un rôle clé à jouer pour faire face à cette situation.
[NITERVIEW] Thierry Chiesa, directeur général d'Ekibio et Pierre Nicolas, responsable de production

Comment Priméal s’organise face à cette situation exceptionnelle ?
La production de pâtes a-t-elle augmenté ?
Les effectifs ont-ils été musclés pour faire face à une montée en charge de la production?
Priméal parvient-elle à fournir les points de vente avec lesquels elle travaille ?
Les stocks de matières premières sont-ils suffisants pour faire face à l’accroissement de la demande?
Pendant combien de temps pouvez-vous faire face à cette situation exceptionnelle ? Y a-t-il des types de pâtes qui passeront en priorité par rapport à d’autres ?
Denis Lainé, directeur général de Biovence (Lazzaretti)
“L’impact du coronavirus sur notre carnet de commandes est colossal. Les commandes ont été multipliées par 5 ou 6. Tout le monde est en sur-demande.(…) Nous réalisons 30% de notre activité à l’export et c’est la même tendance partout, en Italie, en Espagne, au Portugal et en Allemagne. Mais nous avions anticipé d’éventuels problèmes. Aussi, nous avons musclé nos stocks : sur les matières premières, les emballages, les produits finis. Nous sortons 100 tonnes de pâtes par semaines contre 50 tonnes habituellement, mais nous voulons rappeler à la population et à nos partenaires, qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter, il n’y a aucune crainte de pénurie. Nous pouvons tenir deux mois à ce rythme.”

Bonneterre : "Nous faisons le nécessaire pour assurer au maximum les préparations de commande et la hausse des besoins"
“Nos volumes de ventes ont presque doublé ces dernières semaines, et donc nos approvisionnements. Nous avions plutôt anticipé nos commandes. Nous faisons appel à un fournisseur italien sur cette catégorie de produits (les pâtes, ndlr) qui répond partiellement à nos commandes, car les demandes affluent de toute part. Notre fournisseur a mis en place un plan de continuité de l’Activité (PCA), en garantissant que toutes les mesures de sécurité qu’impose cette situation, sont bien gérées. La difficulté est plus en aval en lien avec le transport et la distribution. De notre côté, nous faisons le nécessaire pour assurer au maximum les préparations de commande et la hausse des besoins. Nous avons réussi à fournir nos client dans de bonnes conditions les deux premières semaines de mars. La situation s’est tendue la semaine passée avec l’annonce du confinement par le gouvernement.”
Alpina Savoie : "Nous avons pris des mesures pour produire plus que d’habitude"
“Alpina Savoie (qui commercialise une gamme bio, ndlr) enregistre une hausse des ventes en GMS, ainsi qu’à l’export. Pâtes, couscous, polenta, toutes les références sont concernées. Pour répondre à la croissance de la demande l’entreprise a tout d’abord puisé dans les stocks, ça n’est plus suffisant. Alpina Savoie a donc pris des mesures pour produire plus que d’habitude. (…) Pour s’adapater à cette situation exceptionnelle, Alpina Savoie a augmenté les plages horaires de production, les collaborateurs des ateliers font des heures supplémentaires. C’est la solution la plus optimale pour faire face et continuer à approvisionner les magasins car les personnels sur ligne ont des formations très spécifiques. (…) En ce qui concerne les matières premières (blé dur), il n’y a pas de problème car les approvisionnements d’Alpina Savoie sont sécurisés (fonctionnement en filières, contrats avec les organismes stockeurs et les agriculteurs etc.)”
François Deschamps